Faire un legs pour la science et le savoir
Lieu où tous les savoirs se croisent et se partagent dans un esprit d’humanisme et de liberté, le Collège de France est, depuis sa création au XVIe siècle, au cœur de la recherche la plus audacieuse et de son enseignement à tous. Aux côtés de ses professeurs et de ses chercheurs, la générosité des donateurs a un rôle à jouer.
La Fondation du Collège de France, reconnue d’utilité publique, est habilitée à recevoir des dons mais aussi des legs, acte de générosité par lequel le donateur peut transmettre une partie de ses biens à la Fondation, pour soutenir la recherche et la diffusion des connaissances. Partons à la rencontre de quelques personnalités qui, grâce à un legs ou une donation au bénéfice du Collège de France, ont permis de soutenir les progrès de la recherche au fil des ans.
1886-1902 : donations Claude-Antoine Peccot pour les mathématiques
Depuis 1885, grâce à une dotation provenant de la famille du mathématicien Claude-Antoine Peccot, le Collège de France récompense chaque année de jeunes mathématiciens de moins de 30 ans s’étant distingués dans l’ordre des mathématiques théoriques ou appliquées. Voulu par sa famille en hommage à Claude-Antoine Peccot, ce legs a permis tout d’abord de créer une bourse annuelle, transformée en charge de cours à partir de 1900. En règle générale, deux lauréats sont distingués chaque année. La charge de cours au Collège de France consiste en une série de quatre conférences, permettant au lauréat d’exposer ses recherches récentes. Depuis sa création, le cours et le prix Claude-Antoine Peccot ont su distinguer les jeunes mathématiciens les plus prometteurs. Nombre d’entre eux se sont par la suite brillamment illustrés dans leur carrière scientifique. Parmi les titulaires du cours et du prix Peccot figurent 13 médaillés Fields dont Laurent Schwartz, Alexandre Grothendieck, Alain Connes, Pierre-Louis Lions ou encore Cédric Villani.
1902-1903 : donation du duc de Loubat, philanthrope franco-américain
Joseph Florimond, duc de Loubat est un philanthrope franco-américain, connu pour avoir soutenu plusieurs institutions universitaires et scientifiques en Europe et aux Etats-Unis. En 1903, le Collège de France accepte sa donation pour créer un cours d’Antiquités américaines. Ce cours a été confié à Léon Lejeal (1902-1907) puis au docteur Louis Capitan (1908-1929). Entre 1939 et 2004, vingt-quatre conférences ont été données, conformément au souhait du philanthrope de favoriser l’étude des langues et des civilisations américaines en France.
1920 : legs de Madame Evelyn Bostwick, épouse du Dr Serge Voronoff
Serge Voronov était un chirurgien d’origine russe, pionnier de la technique des greffes : homogreffe d’ovaire chez la brebis, hétérogreffe thyroïdienne et greffes osseuses qu’il pratiqua en divers hôpitaux durant la Première guerre mondiale. Il fut directeur adjoint de la station de physiologie au Collège de France. En 1920, le Collège de France accepte la donation faite par Madame Frances Évelyn Bostwick, épouse Voronoff, pour la création et l’entretien d’une « Station de chirurgie expérimentale, fondation Voronoff ». Selon la volonté de la donatrice, ces revenus ont été attribués aux laboratoires de biologie, d’histologie ou autres laboratoires similaires.
1932 : legs de l’historien Gustave Schlumberger
Gustave-Léon Schlumberger était un historien, byzantiniste et numismate français, spécialisé dans l’histoire des Croisades et de l’Empire byzantin. Il a laissé de nombreux ouvrages et articles traitant des sujets de l’histoire politique et de la numismatique. En 1932, le Collège de France accepte les legs faits par Gustave Schlumberger, les sommes devant être affectées d’une part à des études d’histoire et d’archéologie byzantines, d’autre part à des études de numismatique.
1950 : legs en souvenir de Winnaretta Singer, princesse Edmond de Polignac
Winnaretta Singer était une grande mécène d’origine américaine, héritière des machines à coudre Singer. Elevée en France, Winnaretta Singer développa son goût pour l’art au cours de voyages fréquents. C’est en 1928 que la princesse donna une forme juridique à l’action de mécénat qu’elle menait depuis longtemps en faveur des arts, des lettres et des sciences en créant avec Raymond Poincaré et le diplomate Maurice Paléologue, la Fondation Singer-Polignac. Le Collège de France a reçu depuis 1950, en souvenir de Winnaretta Singer, princesse Edmond de Polignac, des dons importants dont les revenus doivent servir, de façon générale, « au progrès des connaissances ». L’affectation précise des fonds est déterminée chaque année par l’assemblée des professeurs.
1956 : legs Paul Delheim en faveur des jeunes chercheurs
En 1956, le Collège de France accepte le legs fait par Madame Delheim pour encourager de jeunes chercheurs en biologie à poursuivre dans les laboratoires du Collège de France des travaux visant à répondre aux grands défis posés à l’humanité. Suivant la volonté de sa fondatrice, le prix Delheim récompense de jeunes chercheurs en biologie. Le prix est traditionnellement attribué par l’assemblée du Collège de France, sur proposition des professeurs de biologie. En 2024, le prix Delheim est décerné à Klervia Jaouen, géochimiste appliquant sa discipline à l’archéologie.
1964 : legs d’Antoine Lacassagne, Professeur au Collège de France
En 1964, le Collège de France accepte le don fait par Antoine Lacassagne, qui fut titulaire de la chaire de Médecine expérimentale (de 1951 à 1954), du montant du prix que lui a décerné l’Organisation des Nations unies pour ses travaux sur le cancer. Les revenus de cette somme permettent d’inviter de jeunes biologistes français ou étrangers à venir chaque année au Collège exposer, en français, les résultats de leurs recherches. Onze conférences en biologie sont ainsi données au Collège de France entre 1966 et 1977. En 1977, l’Assemblée des professeurs décide d’attribuer un prix Antoine Lacassagne auquel seraient associées deux conférences. Parmi les lauréats, on compte notamment Jacques Glowinsky en 1980, Philippe Kourilsky en 1990, Sonia Garel en 2013. En 2024, le prix Lacassagne est décerné à Deborah Bourc’his, biologiste spécialisée en épigénétique.
Période contemporaine
Plus récemment, nous pouvons évoquer le geste de Monsieur Lucio Toscano, grand donateur à l’origine de la Bourse Anna Caroppo de la Fondation du Collège de France. Créée en 2017, cette bourse accompagne de jeunes et talentueuses chercheuses, en leur permettant de poursuivre, pendant une année, leur formation par la recherche au sein des équipes du Collège de France dans les domaines des sciences humaines. Fidèle auditeur des cours du Collège de France, Monsieur Lucio Toscano a souhaité créer cette bourse en hommage à sa mère passionnée de littérature. En 2024, la lauréate de la bourse Anna Caroppo est Serena Causo, chercheuse en papyrologie.
« Je soutiens le Collège de France par le biais de sa Fondation par pure admiration de cette institution. Pendant 25 ans, j’ai été un auditeur assidu des cours, en particulier les leçons d’Yves Coppens et de Pierre Bourdieu, dont les écrits m’ont enchanté. Ils ont, en quelque sorte, parachevé ma formation. » – Monsieur Lucio Toscano, grand donateur du Collège de France
Faire un geste pour l’avenir
La Fondation du Collège de France a été créée en 2008 suite à un vote de l’Assemblée des professeurs, avec pour objectif de mettre en place une équipe dédiée à l’écoute des donateurs. Sa vocation est de servir la liberté et l’excellence de la recherche, encourager la curiosité, l’audace et la persévérance des chercheurs à l’origine des grandes avancées scientifiques et soutenir toutes les disciplines.
Reconnue d’utilité publique, la Fondation du Collège de France est habilitée à recevoir des dons mais aussi des donations, des legs et des assurances-vie exonérés totalement de droits de succession. L’intégralité de ce qui lui est transmis bénéficie ainsi directement au développement de la recherche française, au progrès scientifique et à la diffusion des savoirs. De nombreux legs ont permis d’encourager le travail des chercheurs du Collège de France dans la durée et de soutenir les grands projets de l’établissement.
Transmettre tout ou partie de son patrimoine, c’est confier les efforts et les trésors de toute une vie à une cause et des valeurs chères. L’équipe de la Fondation se tient à votre écoute pour vous rencontrer, répondre à vos questions et vous accompagne. Les fonds sont toujours utilisés selon la volonté du donateur, qu’il s’agisse d’une donation ou d’un legs. Les orientations choisies peuvent être diverses, propres aux valeurs et sujets qui lui tiennent à cœur, tout en s’inscrivant dans les missions portées par la Fondation :
- Faire rayonner l’excellence scientifique française et attirer les meilleurs talents ;
- Encourager un exceptionnel potentiel de découvertes et d’innovations;
- Élargir la transmission des savoirs à tous les publics ;
- Contribuer à la formation des acteurs de la recherche de demain ;
- Faire progresser les connaissances dans tous les domaines.
« J’ai été accueilli par l’équipe de la Fondation du Collège de France pour m’aider à concrétiser mon projet. Très à l’écoute, elle a cherché à comprendre mes intentions et mes motivations à faire un legs en faveur du Collège de France et elle m’a présenté l’ensemble des recherches menées au sein de l’institution et les thèmes de soutiens possibles. Ensemble, nous avons étudié ces diverses possibilités pour que mon legs profite à la recherche tout en respectant mes valeurs et les sujets qui me tiennent à cœur. Le personnel de la Fondation, de par sa qualification, son autorité et son amabilité, assure la confiance d’un mécène. » – Guy P.
Prendre rendez-vous ou demander notre brochure d’information :
> 01 44 27 15 03
> fondation@college-de-france.fr
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Collège de France
Annuaire du Collège de France 2012-2013
Images :
Joseph Florimont, duc de Loubat. Collection Musée de la ville de New York
Portrait de la princesse Winnaretta Singer de Polignac © Getty
Couverture : Winnaretta Singer (1865-1943), collection Fondation Singer-Polignac Paris