Comment se déplacer demain ?
Les transports représentent à ce jour en France plus de 25% de nos émissions de CO2. Ils contribuent donc nettement au réchauffement climatique. Néanmoins, se passer de nos moyens de déplacement actuels, que ce soit pour aller travailler, partir en vacances ou simplement pour les trajets du quotidien, est irréaliste. Il devient alors urgent de passer d’un modèle basé sur le pétrole et l’essence à un modèle s’appuyant sur des énergies à faible teneur en carbone et bien plus respectueux de l’environnement. Dans le cadre de l’initiative Avenir Commun Durable, les Professeurs du Collège de France se sont rendus à l’Université Clermont Auvergne pour échanger avec les étudiants sur ces enjeux.
Mobilité électrique : une piste pour l’avenir
Le Professeur Marc Fontecave, chaire Chimie des processus biologiques, a ouvert cette journée d’échanges avec une conférence sur les défis de la mobilité électrique. L’électrification de la mobilité, un des secteurs les plus émetteurs de CO2, constitue la stratégie la plus pertinente pour une décarbonation efficace, en particulier dans un pays comme la France dont la production électrique est à plus de 90% défossilisée, grâce aux productions nucléaire et hydraulique. Cependant, beaucoup d’interrogations et de doutes persistent quant aux batteries qui alimentent les voitures électriques (en termes de coût, d’autonomie, de temps de charge, de durée de vie, de recyclage et d’abondance des matériaux qui les constituent), quant à la nature et à la quantité de l’électricité qui sert à les recharger, mais aussi quant aux impacts sur l’économie européenne et aux risques de nouvelles dépendances.
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Le Professeur Marc Fontecave, titulaire de la chaire Chimie des processus biologiques, nous donne un aperçu de son intervention lors du séminaire délocalisé du College de France à l’Université Clermont Auvergne.
Les batteries, alliées indispensables mais perfectibles de la mobilité durable
Le Professeur Jean-Marie Tarascon, chaire Chimie du solide et de l’énergie, est ensuite intervenu pour décrypter les défis autour des batteries. Les enjeux liés à l’électrification ont conduit, au cours de cette dernière décennie, à un foisonnement scientifique dans le domaine des batteries, principale solution technologique de stockage de l’énergie. Les nombreuses recherches entreprises ont donné naissance à des innovations spectaculaires. Ces innovations, qui encouragent l’installation d’usines géantes, ou gigafactories, font aujourd’hui de la mobilité électrique une réalité. Dans ce contexte, il est légitime de s’interroger sur ce que sera la batterie du futur et sa place dans un monde décarboné.
>> Vidéo : 3 questions à Jean-Marie Tarascon
Le Professeur Jean-Marie Tarascon, titulaire de la chaire Chimie du solide et énergie au Collège de France et médaille d’or du CNRS, nous donne un aperçu de son intervention lors du séminaire délocalisé du College-de-France à l’Université Clermont Auvergne.
Jean-Marie Tarascon a reçu la médaille d’or du CNRS, l’une des plus prestigieuses récompenses scientifiques françaises, pour ses travaux pionniers dans la compréhension et la découverte de nouveaux concepts réactionnels liés au lithium, la synthèse de nouveaux matériaux d’électrodes et d’électrolytes pour batteries, et la conception de batteries inédites. Ses recherches trouvent des applications aujourd’hui dans les véhicules électriques, les appareils électroniques portables ou encore le stockage des énergies renouvelables.
Mobilité, la redoutable équation du carbone de l’équité et de l’efficience
Les mobilités sont le seul secteur dont les émissions ne diminuent pas, la voiture pesant 80% des km parcourus depuis 30 ans. Au-delà des constats globaux, quelle est la géographie des émissions des mobilités ? Comment décarboner nos déplacements sans impacter les plus fragiles ? Quel est le réel potentiel du report modal vers le vélo et les transports en commun ? Quelles solutions pour quels territoires ? En quoi la gouvernance des mobilités et des politiques d’aménagements sont-elles interpellées par cette nécessaire décarbonation ? Au final, quels impacts peut-on raisonnablement espérer sur les émissions de gaz à effets de serre ? L’expert des mobilités Jean Coldéfy est intervenu pour explorer ces enjeux et offrir un panorama le plus large possible des situations à prendre en compte et des solutions qui peuvent y être apportées. Jean Coldefy est président du conseil scientifique de France Mobilités et directeur du programme mobilité et transitions ATEC ITS FRANCE.
>> Vidéo : 3 questions à Jean Coldéfy
Jean Coldéfy, expert en mobilités, nous donne un aperçu de son intervention lors du séminaire délocalisé du College de France à l’Université Clermont Auvergne.
Comprendre l’histoire des mobilités
La « civilisation de l’automobilisme » se trouve aujourd’hui confrontée à la problématique du développement durable et de la transition écologique. Enseignant-chercheur à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, Mathieu Flonneau est spécialiste d’histoire urbaine et des mobilités. Il rappelle que l’automobile a été un facteur de modernisation et de libération des sociétés. L’automobilisme s’est accompagné d’une conquête de libertés individuelles, immortalisée par la littérature et l’art dès le début du XXe siècle. Ce « rêve de l’automobile » est loin d’avoir été abandonné. Avant même toute innovation technologique, il faut effectuer une révolution des usages, une transformation des horizons d’attente des individus.
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Mathieu Flonneau, historien des mobilités, nous donne un aperçu de son intervention lors du séminaire délocalisé du College de France à l’Université Clermont Auvergne.
Au cours de cette journée, les étudiants ont également pu participer à plusieurs ateliers pédagogiques autour de la mobilité et de l’énergie durable, animés par des chercheurs de l’Université Clermont Auvergne. Des tables-rondes ont aussi été organisées avec les collectivités territoriales, le monde socio-économique et scientifique pour comprendre les enjeux sociétaux et les verrous technologiques de la mobilité et des transitions durables.
Avenir Commun Durable, croiser les expertises pour mener la transition énergétique
La question de la mobilité est vaste et en appelle à de très nombreux domaines comme l’économie, le développement technologique, la chimie, l’urbanisme, le droit ou la sociologie. Le projet Avenir Commun Durable cherche justement à décloisonner les domaines d’expertises pour saisir les défis qui nous attendent dans toute leur complexité.
Ce séminaire délocalisé du Collège de France fut l’occasion pour les professeurs d’aller à la rencontre de la jeunesse, en particulier des étudiants, pour leur apporter une information scientifique fiable afin de les appuyer dans leur mobilisation en faveur de la transition écologique.
Les solutions pour faire face au changement climatique sont particulièrement complexes et techniques et donnent parfois lieu à de nombreuses contre-vérités et approximations. Plus que jamais, le débat public doit s’appuyer sur des informations et des données certifiées. L’initiative Avenir Commun Durable vise à partager avec tous les résultats de ses réflexions, sans rien occulter des incertitudes et des débats inhérents à la démarche scientifique.
Des colloques thématiques ouverts à tous en accès libre sont ainsi organisés régulièrement au Collège de France pour faire connaître les avancées des recherches en cours sur les problématiques liées au changement climatique et sur les solutions possibles pour y faire face.
Découvrir l’initiative Avenir Commun Durable
? L’initiative Avenir Commun Durable bénéficie du soutien de la Fondation du Collège de France, de ses grands mécènes la Fondation Covéa et TotalEnergies et de ses mécènes Faurecia et Saint-Gobain.> Vidéo : retour en image sur cette journée avec Mathias Bernard, président de l’Université Clermont Auvergne
Cet événement a été organisé en partenariat avec France Universités et l’Université Clermont Auvergne dans le cadre de la rentrée de son université ouverte et de sa rentrée solennelle. La Pr Laurence Boisson de Chazournes, ancienne titulaire de la chaire Avenir Commun Durable, était aussi l’invitée d’honneur de la rentrée solennelle de l’université. Elle a donné à cette occasion une conférence sur la régulation internationale des ressources en eau douce.