Avec le généreux soutien des donateurs de la Fondation du Collège de France, l’Institut des Civilisations réouvre ses portes au public de chercheurs et de spécialistes après un vaste chantier de rénovation. À cette occasion, nous vous proposons de découvrir 5 objets exceptionnels issus des différentes collections.

Unique au monde, l’Institut des Civilisations du Collège de France se divise en quatre pôles : Anthropologie, Égypte et Proche-Orient anciens, Mondes méditerranéens et africains, Mondes asiatiques. La rénovation de l’Institut des civilisations rue du Cardinal-Lemoine a ainsi relevé un défi architectural et intellectuel ambitieux : regrouper en une seule entité l’ensemble des chaires, instituts et bibliothèques du Collège de France dédiés à l’étude des civilisations et permettre un dialogue inédit entre ces champs de recherche.

Outre la richesse exceptionnelle de ses fonds documentaires (les bibliothèques de l’Institut, de réputation mondiale, rassemblent plus de 17 000 mètres linéaires d’ouvrages et des centaines de ressources en ligne), l’institut des Civilisations abrite quelque 270 chercheurs qui y étudient l’histoire culturelle et sociale et l’ethnologie des cinq continents.

PÔLE ANTHROPOLOGIE

En 1960, Claude Lévi-Strauss, alors professeur titulaire de la chaire Anthropologie sociale au Collège de France, fonde le Laboratoire d’anthropologie sociale, dédié à l’étude de tous les grands thèmes de l’ethnologie et de l’anthropologie sociale. Les recherches qui y sont menées concernent la plupart des régions du globe, notamment l’Europe, l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie centrale, l’Amérique du Sud et du Nord, l’Australie, l’Océanie et l’Inde.

ZOOM SUR : Les Poupées Katsinam, collection du laboratoire d’anthropologie sociale

Chez les Indiens Hopi du sud des Etats-Unis, les katsinam sont des esprits, généralement bénéfiques, qui servent d’intermédiaires entre les mortels et les forces surnaturelles. Tous les ans, de la fin décembre à la fin juillet, ces esprits séjournent dans les villages hopis, incarnés par les danseurs masqués et costumés.

Ces divinités sont aussi présentes sous forme de poupées que l’on confectionne pour les enfants afin qu’ils puissent se familiariser avec les caractéristiques de chaque esprit katsinam. Il existe environ 400 katsinam, chacun incarnant une particularité du monde Hopi : esprits d’animaux ou de plantes, qualités comme la fertilité, phénomènes météorologiques (neige, pluie, sécheresse etc.), personnages (clowns, gardes), astres… Chaque poupée représente un esprit Katsina, qui représente lui-même une qualité du monde Hopi. Les poupées katsinam figurent ainsi la diversité du monde Hopi et permettent de rendre compte de la riche mythologie de ce peuple indien de l’Arizona.

Découvrir le Laboratoire d’anthropologie sociale

Découvrir le pôle Anthropologie

PÔLE EGYPTE ET PROCHE-ORIENT ANCIENS

Le pôle Égypte et Proche-Orient anciens regroupe des chaires et des centres d’études en égyptologie, en assyriologie, en études ouest-sémitiques et en études bibliques. En 2023, la chaire Civilisation de l’Égypte pharaonique du Pr Laurent Coulon rejoint les chaires Milieux bibliques (Pr Thomas Römer) et Civilisation mésopotamienne (Pr Dominique Charpin) et s’inscrit dans la longue lignée des chaires consacrées à l’égyptologie au Collège de France, depuis Champollion.

ZOOM SUR : Grammaire égyptienne, Champollion le jeune, Paris, 1836, collection de la bibliothèque d’égyptologie

En 1831, Jean-François Champollion donne son cours au Collège de France – alors Collège Royal -, avec pour objectif d’y exposer « le système entier des écritures sacrées en faisant connaître toutes les formes grammaticales usitées dans les textes hiéroglyphiques et hiératiques ».

Jean-François Champollion disparaît en 1832 sans avoir pu publier sa grammaire égyptienne, une œuvre qu’il jugeait être sa carte de visite pour la postérité. Le manuscrit est édité en 1836 grâce à son frère, Jacques Joseph Champollion. L’impression combine lithographie et typographie, avec des procédés de report sur pierre lithographique. Jean-François Champollion y présente une méthode d’apprentissage de l’écriture hiéroglyphique, établissant ainsi les fondements d’une science en devenir : l’égyptologie.

Découvrir la bibliothèque d’égyptologie

Découvrir le Pôle Égypte et Proche-Orient anciens

PÔLE MONDES MÉDITERRANÉENS ET AFRICAINS

Le pôle Mondes méditerranéens et africains embrasse un vaste territoire qui s’étend sur les deux hémisphères, autour de la Méditerranée et du Sahara. Les différentes civilisations antiques et africaines qui font l’objet des recherches des professeurs de ce pôle ont laissé des traces − textes, objets, monuments, etc. − dont l’étude fait appel aux disciplines de l’histoire, de la philologie ou du droit.

ZOOM SUR : Coran, manuscrit en écriture naskhî – Iran (probable), 1829

Ce magnifique coran manuscrit présente une écriture en style nashkî, calligraphie arabe aux caractères arrondis. L’écriture est à l’encre noire pour le corps du texte et en rouge pour les titres des sourates et des chapitres Hizb. La première page de la sourate de la Fatiha a été arrachée. On peut admirer la polychromie et l’or de la première page de la deuxième sourate al-Baqara, ornée d’une marge florale et d’une arcature. Le titre est mis en valeur par un cartouche d’or et la reliure est réalisée en utilisant du papier mâché. Le texte du coran est établi selon la lecture dite de Hafs, écrit en naskhi de 19 lignes par page avec des corrections et remarques manuscrites rajoutées à la marge. Chaque page est encadrée par un filet (cedvel). On retrouve aussi sur la page de garde un modèle de contrat de mariage dit de jouissance (tradition chiite duodécimane), ainsi qu’un modèle de contrat de divorce.

Découvrir le pôle Mondes méditerranéens et africains

PÔLE MONDES ASIASTIQUES

Ce pôle regroupe les chaires Histoire et cultures de l’Asie centrale préislamique (Pr Frantz Grenet) et Histoire intellectuelle de la Chine (Pr Anne Cheng), ainsi que 5 bibliothèques de recherche et centres d’études spécialisés. Il abrite également les activités du Centre de recherche sur les civilisations de l’Asie orientale.

ZOOM SUR : La reine Māyā donnant naissance au futur bouddha – Népal, XVIIIe–XIXème siècle, collection Sylvain Lévi, Centre d’études indiennes et centrasiatiques

Expression du talent des orfèvres newars, cette œuvre représente la naissance du futur Bouddha, thème très populaire à cette époque au Népal. C’est une naissance miraculeuse, fruit d’une conception tout aussi exceptionnelle. La reine Māyā s’est vue prédire cette naissance par un songe, celui d’un éléphant blanc pénétrant son flanc. Après dix mois, elle met au monde Siddhārta, au cours d’une promenade dans un jardin, debout, s’appuyant à la branche d’un arbre, l’enfant sortant de son flanc droit, sans la blesser. La nature est mise à l’honneur dans cette sculpture où le ramage est peuplé d’animaux. Ce motif iconographique, connu dès le début de notre ère dans l’art du Gandhāra, repose sur un archétype encore plus ancien, celui de la nymphe agreste, symbole de fécondité. La statuette est en bronze doré, avec des incrustations de verre et de pierres semi-précieuses.

Découvrir la bibliothèque d’études indiennes et centrasiatiques

ZOOM SUR :  Rouleau Hie Sannô matsuri – « Fête du roi de la montagne de Hie », XVIIème siècle, fonds Kreitmann du Centre d’études japonaises

Cette peinture sur soie japonaise du XVIIe siècle représente une procession depuis le sanctuaire vers la ville d’Otsû à l’occasion de la « fête du roi de la montagne ». La forme du rouleau (plus de 7m de long) se prête tout particulièrement à l’illustration des processions. La scène se déroule à rebours, comme si nous croisions les pèlerins sur leur trajet de retour du sanctuaire. L’intense activité commerciale et artisanale décrite, la présence de chevaux, de ballots de riz, sont autant de témoins de la richesse de la ville, correspondant à un désir de montrer une certaine prospérité de la part du commanditaire de la peinture qui est sans doute le châtelain d’Otsû.

Ces représentations urbaines sont typiques des peintures d’Edo (1600-1868). Elles correspondent à l’essor de l’urbanisation dans le pays à partir du XVIème siècle. Très colorée, la peinture fourmille de personnages et de détails, constituant une excellente illustration, presque prise sur le vif, de la vie quotidienne du Japon prémoderne.

Découvrir la bibliothèque d’étude japonaise

Découvrir le pôle Mondes asiatiques

 

Ces collections exceptionnelles, constituées par les professeurs depuis des siècles, sont accessibles aux chercheurs du monde entier et prêtés lors d’exposition dans de grands musées.
>>Découvrir les collections en explorant la plateforme en ligne Salamandre.

La générosité des donateurs est déterminante pour soutenir les grands projets de l’institution tels que la rénovation de l’Institut des Civilisations ou la numérisation de ces fonds documentaires précieux. Vous aussi, engagez-vous pour la science et le savoir en faisant un don : Soutenir le Collège de France