Laurent Dumas, président du Groupe Emerige, mécène engagé en faveur de la transmission des savoirs
Figurant parmi les principaux acteurs du marché immobilier en Ile-de-France, le groupe Emerige soutient la Fondation du Collège de France depuis 2017. Ce mécénat est à l’origine d’un programme éducatif exceptionnel : permettre à des lycéens issus de quartiers prioritaires de découvrir le Collège de France et le milieu de la recherche. Entretien avec Laurent Dumas, président du Groupe Emerige, et mécène engagé en faveur de la transmission des savoirs.
Vous avez créé en 1989 Transimmeubles. Devenu Emerige, « Aimer » « Eriger », en 2008, le groupe est aujourd’hui l’un des acteurs majeurs de l’immobilier en Ile-de-France. Quel est votre moteur ?
Mon moteur est avant tout l’expression d’une ambition forte au sein d’une profession qui me passionne toujours autant. Au fil des années, Emerige n’a eu de cesse d’évoluer, de s’adapter et de répondre à de nouveaux challenges. En 2014, notre activité résidentielle prend un nouveau tournant grâce à la structuration d’une équipe de professionnels dédiée. La même année, le Groupe décide de s’ouvrir à l’international et se positionne sur le marché espagnol tout en célébrant ses 25 ans avec la création du Fonds de dotation Emerige qu’il met au service de ses activités philanthropiques. Lauréat de nombreux appels à projet visant à repenser la ville de demain[i], nous développons également un pôle artistique et culturel de 37 500 m² sur l’Ile Seguin à Boulogne-Billancourt. En tant que promoteur immobilier, l’île Seguin est un rêve qui se concrétise et l’un de mes plus beaux défis !
Ce sont tous ces programmes au carrefour des usages, de l’innovation et de la création qui me nourrissent au quotidien et me portent vers des projets toujours plus ambitieux au cœur de la ville de demain. J’aime à dire que nous construisons des immeubles tel que nous rêvons la ville, des immeubles dans lesquels les personnes vivent, travaillent ou ne font que passer. Cette dimension humaine exige d’être en capacité de valoriser l’environnement urbain, l’habitat et de participer au bien-vivre ensemble. C’est une chance de pouvoir s’épanouir dans un métier qui est au cœur de l’humain mais cela reste un défi de tous les jours.
Le Fonds de dotation Emerige est connu pour son action en faveur de la création artistique, notamment avec la Bourse Révélations Emerige. Vous êtes devenu en peu de temps un mécène et un collectionneur reconnu de tous. D’où vient cette passion pour l’art et votre engagement pour sa diffusion ?
Au début des années 2000, c’est un bouleversement de vie qui me rapproche des œuvres de Bram van Velde. Très vite, je m’intéresse à des artistes historiques (Roberto Matta, Martin Barré, Pierre Soulages, Gérard Garouste) et, plus tard, à une génération d’artistes plus jeunes (Kader Attia, Gilles Barbier, Claire Tabouret). Dans ma vie personnelle, je suis en immersion totale dans le monde de l’art, je côtoie beaucoup les artistes et m’engage également dans la diffusion de leur travail. Ma vocation de mécène et de collectionneur va donc bien au-delà de l’acquisition d’œuvres puisqu’elle contribue également au rayonnement de la culture au sens large etsous toutes ses formes. Ma proximité avec la création contemporaine est également présente au cœur du quotidien de mon entreprise, de ses initiatives et de ses réalisations. L’art est omniprésent au sein du siège social qui abrite des œuvres dans les bureaux de chaque collaborateur.
Via le Fonds de dotation Emerige, le Groupe soutient année après année des artistes et des événements qui s’attachent à les révéler (Nuit Blanche, Choices – Paris Gallery Weekend…). À travers la Bourse Révélations Emerige, créée en 2014, il offre à la jeune génération d’artistes de la scène française de se faire connaître et d’intégrer des galeries de premier plan. Emerige encourage par ailleurs le rapprochement de la culture avec tous les publics, notamment les plus jeunes. Il soutient en ce sens des programmes d’éducation artistique et culturelle. Enfin, en tant que premier signataire de la charte « 1 immeuble, 1 œuvre », nous contribuons à l’essor de l’art dans la ville en installant une œuvre dans chaque immeuble construit ou réhabilité. En tant qu’acteur de l’immobilier et entreprise responsable, il m’est apparu nécessaire que l’expression artistique s’inscrive dans différents lieux (un hall d’immeuble, une cour…). Passants, résidents et usagers peuvent ainsi échanger sur les œuvres qu’ils côtoient au quotidien. L’art et la culture favorisent le dialogue entre les personnes.
Vous êtes devenu, en 2017, un important mécène de la Fondation du Collège de France, quelles ont été les motivations à votre soutien ?
Le Collège de France est un temple du savoir éminemment prestigieux qui œuvre en faveur de la diffusion des sciences et de la connaissance. Les cours qui y sont dispensés sont accessibles à tous, sans inscription et ce en totale gratuité. L’ambition que je partage avec le Collège de France est de rendre la culture accessible à tous. Il était donc naturel de devenir mécène d’un programme de diffusion du savoir qui répond en tous points à nos valeurs et à notre engagement social. Cette dimension sociale est au cœur du mécénat culturel de mon entreprise. Formidable levier de réductions des inégalités, je considère que la culture au sens large permet de rassembler et d’ouvrir les perspectives d’avenir des publics qui en sont les plus éloignés. Chaque été, nous faisons découvrir le château de Versailles à plus de 5 000 enfants qui ne partent pas en vacances grâce à notre opération « Une journée de vacances à Versailles » imaginée avec l’Etablissement public du château de Versailles. Nous soutenons également le programme Générations Odéon ainsi que le Théâtre du Rond-Point qui permet à un public éloigné de la culture de se familiariser avec la pratique théâtrale. Mécène de l’association La Source de Gérard Garouste, nous accompagnons les enfants dans la pratique des arts plastiques. L’ensemble de ces initiatives que nous portons au côté de nombreuses institutions nous aide à combattre l’idée que la culture, le savoir et les arts sont réservés à une élite.
C’est pourquoi le Groupe Emerige et la Fondation du Collège de France se sont associés pour porter de façon conjointe un nouveau programme de diffusion de la connaissance dans le cadre d’un partenariat de 5 ans (2017-2021). L’opération porte sur l’organisation de conférences animées par des professeurs du Collège de France, au sein de lycées situés dans des quartiers prioritaires d’Ile-de-France. Les lycéens sont reçus en retour sur le site historique de la Place Marcelin Berthelot (Paris 5e) pour une rencontre privilégiée avec des jeunes chercheurs. L’objectif du programme : diffuser et valoriser l’excellence académique dans les domaines des sciences auprès des jeunes qui n’y ont pas accès.
A l’occasion de cette première année de partenariat, les élèves du lycée Galilée de Gennevilliers (92) et du lycée Henri Bergson (Paris 19e) ont bénéficié du dispositif. En décembre dernier, une conférence inaugurale s’était tenue au lycée Galilée sur le thème de la chimie et des nouveaux matériaux animée par le Pr Jacques Livage. Puis en avril dernier, les lycéens de Paris 19e ont assisté à une conférence sur le thème des défis du numérique animée par le Pr Gérard Berry.
Le 3 mai dernier, les élèves des deux lycées se sont rendus au Collège de France à l’occasion d’un échange avec de jeunes chercheurs qui est venu clôturer la première année de notre partenariat.
A terme, plus de 1000 lycéens bénéficieront de ce dispositif.
C’est un honneur pour Emerige de porter ce projet aux côtés de la Fondation et nous nous réjouissons déjà d’aborder l’année 2018-2019 en associant deux nouveaux lycées du Grand Paris.
Propos recueillis par Flavie Dubois-Mazeyrie
[i] Morland Mixité Capitale et ses 11 usages pour « Réinventer Paris » en collaboration avec David Chipperfield, Babcock et sa programmation culturelle dans le cadre de « Inventons la métropole du Grand Paris », projet conçu par Dominique Perrault